Le temps des yéyés.
Crinière mercure, indéfectiblement moustachu, c'est un type qui se lance soudain dans une lyrique déclaration
d'amour à Björk avant de vous décrire, dans la foulée, le sublime gilet d'un maître d'hôtel dont il souhaite
s'inspirer pour une de ses nouvelles tenues. Vous, discretement, vous avez remballé votre arsenal de questions
soigneusement préparées : cette interview ne ressemble à aucune autre. Avec ses fulgurances et ses fêlures,
cet esthète désarçonne. Le vieux beau, sacrifié sur l'hôtel de la variété et ringardisé aussi vite qu'on le
porta aux nues, tient pourtant plus de Gainsbourg que d'hervé Vilard. "On considère qu'Aline n'est qu'une
chanson pour minettes. Mais l'a-t-on jamais perçue comme un blues? Ce n'est pas si loin de Baby please don't go
de Lightnin'Hopkins."
Laborantin de l'extrême.
Cinq ans après Bevilacqua (son vrai patronyme, venu d'Italie), un album expérimental au succès limité,
le chanteur revient en 2001 avec Comm'si la terre penchait (Mercury). Laborantin de l'extrême, cet
inlassable chercheur de sons a créé un petit bijou, objet étrange et enivrant. Il a passé des nuits entières dans
son petit studio pour "trouver l'alchimie particulière, quelque chose de vibrant, d'émotionnel." A 57 ans - le 13
octobre -, le gars de Juvisy-sur-Orge est adopté par la planète électro et célébré par la jeune génération, venue
en foule assister à son retour sur scène (après 27 ans d'absence) à l'Olympia, en mars dernier.
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Article tiré de "Télé 7 jours"